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Aquaman, la critique !

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1 mars 2019

Aaaaaaah Aquaman. Cet « homme-poisson » souvent décrié comme « inutile » dans les comics. Jalousement moqué, longtemps relégué au second rang… Il était temps qu’un film sur ce personnage vieux de plus de 70 ans sorte. Avec le beau, grand et fort Jason Momoa dans le rôle titre, le projet part avec une bonne base. Pari réussi ou pas ?

Remise en contexte

Malgré l’aspect forcément « subjectif » d’une critique, je tâcherai malgré tout d’avoir un maximum d’objectivité quant au film. Sachez également que cette critique contiendra des révélations sur l’intrigue du film, à vos risques et périls donc !

Pour la petite histoire, les comics et plus spécifiquement les super-héros c’est une de mes passions. Je n’ai que peu de connaissances du personnage d’Aquaman et je ne le porte pas particulièrement dans mon coeur. Cependant, j’ai grandi avec l’univers des dessins animés de Bruce Timm.
Aquaman y a d’ailleurs fait une apparition très marquée dans Superman : L’ange de Metropolis (Superman TAS) d’abord, puis avec un nouveau look, dans un épisode de Justice League il y a maintenant quelques années. Hé oui, Jason Momoa n’était pas le premier look barbu du personnage !

Du blondinet en tenue d’écailles au viking viril

Remontons au commencement. Aquaman c’est quoi ? Ou plutôt c’est qui ?

Apparu pour la première fois en 1941, Aquaman est un super-héros de l’écurie DC Comics. Mi-humain, mi-atlante, le jeune Arthur Curry utilise ses capacités physiques d’hybride pour devenir Aquaman. Il est à la fois le roi d’Atlantis, mais aussi le défenseur de la terre avec la Justice League. Dans les comics, Arthur est un jeune homme blond qui porte une tenue orange et verte typique d’Atlantis.

Etant atlante, Aquaman possède de nombreuses capacités : il peut respirer, parler et vivre sous l’eau. La pression de l’eau n’a aucun effet sur lui de même que les très basses températures. Il est capable de nager très rapidement mais il est aussi plus fort, plus rapide, plus endurant et il vieillit plus lentement qu’un homme normal. Ses cinq sens, sa résistance et sa force physique sont nettement supérieurs aux nôtres, sans pour autant atteindre le niveau de Superman. Son pouvoir le plus notable est sans aucun doute sa capacité à parler télépatiquement à toutes les créatures marines. Il sait s’en faire obéir et les utilise régulièrement en combat. Et grosso modo, l’ensemble de ses capacités est respecté dans la version cinéma. Le seul aspect qui change c’est l’apparence physique du personnage qui se veut cette fois-ci plus proche de la version vue dans le dessin animé Justice League de Bruce Timm. A ceci près bien sûr, qu’on passe du blond au brun !

Aquaman : un héros qui a fait une entrée compliquée

Remontons le temps. Nous sommes en 2016, le film Batman V Superman sort au cinéma. C’est la suite directe de Man Of Steel qui voit s’affronter deux des plus grands héros de l’univers DC Comics. Dans ce film en demi-teinte, succès commercial mais échec critique, on assiste à la naissance de ce qui sera connu plus tard comme la « Justice League » : l’alliance de 6 meta-humains qui combattent ensemble pour protéger la terre des menaces éventuelles.

C’est dans ce film qu’Aquaman est introduit via une vidéo diffusée sur un ordinateur, tel un cheveu sur la soupe.

Il a fallu attendre le film ô combien mauvais Justice League pour voir du vrai Aquaman à l’écran. Et le résultat est sans appel. Momoa fait le job. On nous sert un Aquaman, brutal, viril et alcoolique pour un combo très rafraichissant. Et si on peut hélas regretter que le personnage ne se souvienne ô combien il est puissant qu’à la fin du film, ce Aquaman 3.0 avait de l’allure. C’est pourquoi, malgré les échecs cuisants et à répétitions des films DC de la Warner, James Wan, a été appelé à la barre pour réaliser le film solo sur Aquaman.

« Sous l’océaaaaaan, sous l’océaaaaaaaaaan » – Sébastien, chef d’orchestre

James Wan, maestro de ce film solo post Justice League, c’est aussi le réalisateur du premier SAW, d’Insidious ou encore de Fast & Furious. Considéré comme un très bon réalisateur, la Warner a choisi un réal de premier choix pour son film aquatique. Accompagné du compositeur Rupert Gregson-Williams, et d’acteurs tels que Jason Momoa, Amber Heard, Willem Dafoe ou encore Nicole Kidman, le film partait avec de très bonnes bases. 

Mais si un casting de rêve suffisait à faire un bon film, ça se saurait.

Une critique salée comme l’eau

La direction artistique

Commençons par l’aspect visuel du film. Qui n’a jamais rêvé de voir cette légendaire cité perdue qu’est l’Atlantide (Atlantis en V.O) ? Si vous avez aimé l’aspect très graphique d’Avatar de James Cameron, ou bien la technologie omniprésente sur Krypton dans Man Of Steel vous allez être servis. Bien que n’étant pas fan du côté très factice d’un film tourné à 90 % sur fond vert, l’aspect visuel est plutôt réussi. D’autant plus qu’aujourd’hui quasiment tous les films sont réalisés de la sorte.

On nous transporte dans des décors tantôt effrayants de par leurs profondeurs abyssales, tantôt magnifiques grâce à l’architecture atlante. Le parfait mélange entre modernité et tradition. Entre vieilles statues antiques et canons lasers défensifs. D’ailleurs, en parlant de canons lasers, les quelques combats en vaisseau ne sont pas sans rappeler certaines scènes de Star Wars.

Une belle réalisation artistique donc, si tant est que vous n’avez rien contre l’aspect fluorescent de la quasi intégralité des objets sous l’eau. C’est un peu particulier, mais c’est propre à chacun d’apprécier ou non. Mention spéciale au costume d’Aquaman cependant, très fidèle et très réussi.

La bande son

Si vous recherchez une bande son qui sonne héroïque, vous avez frappé à la bonne porte. Alternant tantôt entre rock bien violent qui souligne la virilité ambulante (parfois exacerbée) du personnage, et musique épique sur fond de panorama, vous vous sentirez chez vous. La bande son apporte un vrai plus aux scènes d’action, sans être extraordinaire. Elle fait le job et je dois bien admettre qu’elle sert bien les scènes contemplatives à Atlantis. Vous n’échapperez hélas pas à la traditionnelle chanson pop chantée par une artiste à la mode pour servir le marketing du film.

Les personnages

L’aspect visuel et sonore d’un film c’est important. Cependant, ce qui l’est beaucoup plus c’est la construction des personnages et sur ce point et bien, autant vous le dire tout de suite, c’est très décevant. On nous dépeint un ensemble de personnages qui rentrent tous bien comme il faut dans tous les clichés. Le héros dans le déni, le love interest qui fait les yeux doux, le méchant qui est méchant parce qu’il faut l’être, le sage qui donne des conseils,… On aurait pu s’attendre à quelque chose de plus recherché.

Une profondeur pas des plus abyssales

Les récents films de super-héros, notamment chez Marvel, ont montré qu’il était possible de faire des personnages qui n’étaient pas plats, auxquels il était facile de croire. Ici, le film donne une impression de vide quant à ses personnages. Le héros bourrin ne passe pas tant il est vu et revu. L’absence de réel motif pour le méchant empêche d’en avoir vraiment peur. Un deuxième méchant est d’ailleurs introduit dans le film. Mais il est bien trop anodin pour être réellement menaçant.

Et pourtant, la mythologie des personnages, de l’Atlantide, de DC Comics, aurait normalement permis d’écrire des personnages intéressants, mais le coche est clairement loupé. Un sacrifice qui s’est fait au prix du divertissement. Aquaman est un film d’action avec des combats plutôt réussis, mais c’est à peu près tout ce qu’on peut en attendre et c’est dommage.

Le scénario

Aaaaaah la partie que je voulais aborder le plus. LE truc qui m’a fait passer 2h d’enfer : le scénario. Alors, je vous arrête tout de suite : bien sûr qu’un film de super-héros, ça casse rarement des briques. Mais, si je devais résumer celui d’Aquaman, je vous dirais que c’est celui d’un jeu vidéo de 2002 qu’on finit en 4h30 sans regarder les cinématiques.

La difficulté principale étant bien sûr qu’il s’agit d’une adaptation d’un matériau de base qu’est le comics. Cependant, l’adaptation n’empêche pas une réadaptation voire une réappropriation. Mais de ce côté-ci, le film ne fait aucun effort. On a l’impression de voir une fusion des scénarios de Black Panther et Thor mais sous l’eau. L’univers d’Aquaman est largement assez vaste pour raconter une autre histoire que l’éternel combat fratricide pour le trône.

Arthur : L’Aragorn des profondeurs… ou pas !

Outre la facilité scénaristique, le film est un véritable boulevard. J’entends par là qu’on voit venir TOUS les twists.  Enchainant clichés sur clichés, on nous sert là une histoire sans âme, vue et revue sans aucune prise de risque ou effort de fait. A titre d’exemple (SPOILER) On nous sert 8 fois dans le film que la mère du héros est morte, sans jamais nous montrer sa mort. ET BINGO elle a en réalité survécu. On nous parle d’une bête légendaire et ancienne disparue et BINGO comme par hasard devinez qui fait son apparition lors de la quête initiatique du héros ? On nous montre une pseudo romance qu’on sait déjà actée depuis le départ, des méchants dont on a déjà conscience de la défaite, etc… Les scènes kitchs sont hélas bien trop légion (un « JE SUIS AQUAMAN » bien trop dérangeant pour une fin de film, même Superman n’avait pas osé).

Pourtant, le principe était simple : Nous avons un héros, qui doute de son identité et part donc alors dans une quête initiatique pour devenir à la fois roi mais aussi sauveur d’Atlantis. Il part d’un point A pour arriver à un point B et subit des péripéties entre les deux qui vont forger son caractère. Classique. Peut-être même que tout le problème est là : tout est bien trop classique pour fonctionner.

Le bilan (calmement)

Après l’énorme échec de Justice League, DC se devait de redresser la barre avant que le navire ne sombre au fond de l’océan. C’est hélas trop tard. Plutôt que de prendre des risques et d’écrire des personnages et une histoire qu’on savoure, James Wan, la Warner et Jason Momoa nous ont servi un film sans saveur. Un divertissement très moyen qui peine à convaincre. Et c’est bien dommage, car Arthur Curry, qui plus est, cette représentation là avait tout le potentiel pour être un grand héros, unique en son genre.

Au final, il ne sera rien de plus qu’un grand barbu musclé qui tape sur son frère sous l’eau.

Critique écrite par Thibaut Vallejo, sidekick retraité.

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