LA SATURN : LA FIN DE LA GUERRE DES CONSOLES
Fiche technique
Nom de la console : La Saturn
Fabricant : Sega (Japon)
Date de sortie : 22 novembre 1994 (Japon) / 8 juillet 1995 (Europe)
Date de fin de production : 1998 (Europe et Amérique du Nord) / 23 décembre 2000 (Japon)
Support de jeu : CD-ROM
Génération : Cinquième
Nombre de consoles vendues : 9 500 000 (dont 971 000 en Europe)
Jeu le plus vendu : Virtua Fighter 2 (1,93 million)
Petit point historique
Après le succès de la Mega Drive, qui concurrence Nintendo dans l’ère de la quatrième génération de consoles, Sega souhaite continuer sur sa lancée. Au début des années 1990, les consoles 32 bits arrivent sur le marché, avec la 3DO Interactive Multiplayer en 1993, et la volonté affichée par Nintendo de sortir un lecteur CD-ROM pour sa Super NES. Sony, d’abord pressenti pour réaliser le projet, fait cavalier seul après la rupture de l’accord avec Nintendo. La concurrence est forte, et Sega veut être de la partie, d’autant que son système d’arcade connait un grand succès. Décision est prise de l’adapter en consoles.
Une suite de mauvais choix, de stratégie mal ficelée, d’actions précipitées et d’opportunités manquées ont conduit à l’échec de la Saturn, qui aurait pu contrer le succès de la PlayStation en s’associant avec eux, ou de la Nintendo 64 en saisissant la main tendue de Silicon Graphics. Sega venait de perdre la guerre des consoles. Malgré une Dreamcast puissante et au parcours bien plus cadré, l’aura de la PlayStation (et bientôt de sa deuxième version) avait balayé ses concurrents, et Sega arrêtera à la fin des années 90 ses activités de constructeur de consoles, pour se concentrer sur les jeux vidéo.
Un projet astronomique
Le nom de la Saturn a de quoi étonné. C’est qu’il s’agit en vérité de son nom de code lors du développement. A cette époque, Sega donnait des noms de planètes comprises en le Soleil et la Terre pour ses projets de consoles portables (la Game Gear était le projet Mercury), et des noms de planètes situées après la Terre pour les consoles de salon. En parallèle de la Saturn, un projet Jupiter et un projet Mars étaient sur le feu.
Trois projets qui ont chacun nécessité des moyens financiers et humains, et du temps, ce qui explique en partie que la Saturn n’ait pas été la meilleure version d’elle-même : les équipes n’étaient pas toutes concentrées sur elle, et les développeurs étaient réticents à l’idée de travailler sur trois supports différents. D’autant plus que le système de la Saturn était plus difficile à coder que celui de la PlayStation… Le choix était vite fait.
Deux cadeaux faits pour la concurrence
Parmi les mauvais choix de la firme japonaise, deux ont aidé directement Sony et Nintendo.
D’abord, pour le CD Sega (un accessoire de la Mega Drive permettant de lire les CD-ROM), Sega a fait équipe avec Sony. Peu de développeurs ont suivi, mais la technologie de Sony était bonne. Le directeur général de Sega of America proposa de développer la prochaine console en partenariat avec Sony. Le siège japonais de Sega refusa. Sony, après le refus de Nintendo puis de Sega, recycla son idée en produisant seul la PlayStation.
Ensuite, Silicon Graphics avait initialement proposé à Sega son nouveau processeur, capable de lancer Sega sur le marché des 64 bits. Encore une fois, le siège de Sega refusa. Silicon Graphics se tourna vers Nintendo, ce qui permit la création de la Nintendo 64 (alors même que Nintendo n’avait proposé aucune console 32 bits).
Une ludothèque unique
Si la Saturn n’a pas connu le succès escompté, avec le recul, on lui reconnait une ludothèque admirable, comprenant des titres iconiques comme Night sinto Dreams, Virtua Fighter, Panzer Dragoo, etc.
De plus, la Saturn gérait bien les jeux en 3D, ce qui était un véritable atout. Seule ombre au tableau : l’absence d’un jeu Sonic, dont le développement a été chaotique, puis annulé.
Jeux incontournables de la Saturn
Virtua Fighter 2
Sega Rally Championship
Guardian Heroes
Daytona USA
Sega, toujours plus fort que toi
Au Japon, la publicité pour la Saturn mettait en avant un personnage original : Segata Sanshiro, inspiré du judoka Sugata Sanshiro, héros du film La Légende du grand judo d’Akira Kurosawa, et interprété par l’acteur Fujioka Hiroshi, grande figure du cinéma nippon. Entre 1997 et 1998, il tournera plusieurs spots de pub, pour faire la promotion de Sonic R, de Bomberman, de Panzer Dragoon, etc., toujours en campant son personnage de judoka intraitable.
Son nom est en fait un jeu de mot, puisqu’en japonais, « Sega Satān Shiro ! » signifie « Vous devez jouer à la Sega Saturn ! », Satān étant le nom japonais de la Saturn. Une campagne efficace, puisque 5 millions de consoles se vendront au Japon, soit plus de la moitié des ventes mondiales.